Pardonner l'impardonnable

Jésus disait à la foule : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. » Luc 6, 36-38

Pardonner à une personne odieuse

Une communauté chrétienne vit de l'intercession de ses membres, sinon elle meurt.

 

Quand je prie pour un frère, je ne peux plus en dépit de toutes les misères qu'il peut me faire, le condamner ou le haïr. Si odieux et si insupportable que me soit son visage, il prend au cours de l'intercession l'aspect de frère pour lequel le Christ est mort, l'aspect du pécheur gracié. Quelle découverte apaisante pour le chrétien que l'intercession : il n'existe plus d'antipathie, de tension ou de désaccord personnel dont, pour autant qu'il dépend de nous, nous ne puissions triompher. L'intercession est bain de purification où, chaque jour, le fidèle et la communauté doivent se plonger. Elle peut signifier parfois une lutte très dure avec tel d'entre nos frères, mais une promesse de victoire repose sur elle.

 

Comment est-ce possible ? C'est que l'intercession n'est rien d'autre que l'acte par lequel nous présentons à Dieu notre frère en cherchant à le voir sous la croix du Christ, comme un homme pauvre et pécheur qui a besoin de sa grâce. Dans cette perspective, tout ce qui me le rend odieux disparaît, je le vois dans toute son indigence, dans toute sa détresse, et sa misère et son péché me pèsent comme s'ils étaient miens, de sorte que je ne puis plus rien faire d'autre que prier : Seigneur agis toi-même sur lui, selon Ta sévérité et Ta bonté. Intercéder signifie mettre notre frère au bénéfice du même droit que nous avons reçu nous-mêmes ; le droit de nous présenter devant le Christ pour avoir part à sa miséricorde.

 

Par là nous voyons que notre intercession est un service que nous devons chaque jour à Dieu et à nos frères. Refuser à notre prochain notre intercession c'est lui refuser le service chrétien par excellence. Nous voyons aussi que l'intercession est, non pas une chose générale, vague, mais un acte absolument concret. Il s'agit de prier pour telles personnes, telles difficultés et plus l'intercession est précise, et plus aussi elle est féconde.

 

Dietrich Bonhoeffer

Mystère du pardon

« Je l’imagine, je le connais et je deviens étrangement lui, pauvre méchant avide d’éphémère puissance. Oui, il a été chef de la milice et serviteur des nazis, oui, il a fait du mal à mes frères juifs, et il a fait peur à ma mère, et il a envoyé à la mort des enfants coupables d’être nés de mon peuple. Oui, au temps où il était puissant et malfaisant, il méritait la mort, une mort rapide et sans souffrance. Mais maintenant il est abandonné de tous et honni, il est dans une prison, et il a mal, il a mal dans l’asthme de sa poitrine et, en quelque singulière sorte, de ma poitrine. Il souffre et je le vois vaincu. Je vois son visage défait, son visage malade et avili d’homme perdu, et qui le sait. Je le connais, et je suis lui par l’étrangeté d’identification. Je suis lui, et il n’est plus un ancien ministre, mais un malheureux et moi-même, et soudain j’ai mal que le prisonnier Laval ait mal (…) Comment alors ne pas pardonner à ce malheureux soudain si proche, soudain mon semblable ? »

 

Albert Cohen

(p.1189-90 La Pléiade)

Pardonner à son tortionnaire

Torturée par un médecin de la Gestapo, la jeune résistante catholique et pianiste Maïti Girtanner échappe miraculeusement à la mort. A 75 ans, elle fait le récit bouleversant du pardon que son tortionnaire mourant est venu chercher auprès d'elle, se souvenant qu'elle parlait de Dieu quand elle était sa prisonnière :

vidéo

contact paroisses webmaster infos légales faire un don
coordonnées et adresses